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Coup d’envoi des événements sportifs planétaires qui vont rythmer la vie du Brésil jusqu’en 2016, la Coupe des Confédérations débute samedi à Brasilia, alors qu’une soudaine poussée de protestations sociales dans le pays menace de ternir la fête du football.
Après une cérémonie d’ouverture qui s’annonce forcément samba, la Seleçao, quintuple championne du monde, ouvrira le bal contre le Japon à 16h locales (21h) dans le stade flambant neuf Mané Garrincha. Cette répétition générale en miniature du Mondial 2014 va confronter jusqu’au 30 juin les huit meilleures sélections continentales du moment - Brésil, Espagne, Italie, Mexique, Uruguay, Nigeria, Japon, Tahiti - dans six villes de ce pays de 194 millions d’habitants à la taille d’un continent.
Après le Mondial, le Brésil bouclera avec les Jeux Olympiques 2016 de Rio de Janeiro un cycle sportif inédit qu’il ambitionne de convertir en vitrine de sa puissance émergente sur la scène internationale. Concentrées depuis des mois à répondre aux critiques sur les retards accumulés dans la rénovation des stades et d’infrastructures précaires, les autorités ont visiblement été prises de court par la fronde sociale.
Un «carton rouge à la Coupe»
L’annonce la semaine dernière d’une augmentation de 7% du prix du ticket d’autobus - transport public le plus utilisé par les Brésiliens -, a provoqué l’étincelle. Des manifestations contre la vie chère se multiplient dans le pays. Elles ont parfois tourné à de violents affrontements entre les protestataires et une police aux méthodes musclées, comme jeudi à Sao Paulo et Rio. Et d’autres manifestations sont prévues dans les jours à venir, en particulier lundi à Sao Paulo, la mégalopole économique du pays.
Vendredi, ce sont 400 militants du mouvements des «Sans toit» qui ont bloqué l’accès du stade de la capitale Brasilia et brûlé des pneus pour réclamer des logements décents et décerner un «carton rouge à la Coupe». Ils ont finalement quitté les lieux sans incident après que le gouvernement a accepté de les recevoir. Mais ils manifesteront à nouveau samedi, loin du stade.
Au-delà de ces revendications ponctuelles, les manifestants critiquent les sommes colossales englouties pour l’organisation des événements, les expropriations forcées pour cause de travaux, alors que les services publics de base comme la santé, l’éducation et les transports laissent fort à désirer.
Dilma Rousseff: «Améliorer la vie de la population brésilienne»
Les Brésiliens avaient pourtant accueilli avec enthousiasme et fierté l’attribution des grands événements sportifs au Brésil. Mais c’était dans l’euphorie des années de la présidence Lula (2003-2011) marquées par une forte croissance économique, des programmes sociaux qui ont permis à 40 millions de pauvres de rejoindre la classe moyenne, et l’ouverture du crédit à la consommation. Les protestations d’aujourd’hui interviennent dans un climat économique beaucoup moins favorable pour la 7e puissance économique mondiale: mini-croissance du PIB (0,9% en 2012) et une inflation à la hausse (6,5% sur 12 mois), notamment des produits alimentaires de base.
La présidente Dilma Rousseff, dont la cote de popularité élevée a baissé sensiblement, pour la première fois en juin, est montée jeudi au créneau pour défendre l’intérêt du Mondial pour le pays. «Quand ils vous demandent ce que nous gagnons avec la Coupe du monde, outre la joie de voir le Brésil jouer, outre la Coupe des confédérations où nous tous espérons voir le Brésil gagner, nous gagnons en améliorations dans la sécurité publique, nous gagnons avec tous ces travaux d’infrastructure qui sont essentiels comme le métro, les routes», a déclaré Mme Rousseff, qui briguera un second mandat en 2014. «Ce sont des travaux pour améliorer la ville. Cela peut (servir) momentanément pour les touristes mais pour le reste de la vie, ce sera pour améliorer la vie de la population brésilienne», a-t-elle plaidé lors d’une visite à la Rocinha, la plus grande favela de Rio.
Le directeur du Comité d’organisation local (COL) de la Coupe des Confédérations et du Mondial, Ricardo Trade a relativisé la portée des manifestations. «Je ne crois pas qu’elles vont entacher la Coupe, a-t-il déclaré aux médias brésiliens. Elles démontrent juste que nous vivons dans une démocratie dynamique et intéressante.»