Pep Guardiola et José Mourinho se croiseront sur les bancs ce vendredi pour la Supercoupe d’Europe entre le Bayern Munich et Chelsea. Dans un contexte très différent de l’époque des Real-Barça, plus favorable au technicien portugais.
MOURINHO CONNAIT DEJA LA MAISON
José Mourinho est à Chelsea comme chez lui. Depuis son départ du club en septembre 2007 par la petite porte, au lendemain d’un nul concédé contre Rosenborg en C1, il avait régulièrement imaginé son retour à Stamford Bridge. Les retrouvailles se sont passées comme dans un rêve et le premier match à domicile en Premier League contre Hull City s’est résumé à une cérémonie de bienvenue des supporters à leur "Special One". A l’inverse, Pep Guardiola est arrivé dans un environnement nouveau au Bayern Munich. Après une année sabbatique loin des affaires footballistiques, il découvre une autre manière de fonctionner que celle qu’il a quasiment toujours connue au Barça, comme joueur puis comme entraîneur. Il tâtonne encore et continue de prendre ses marques dans l’univers bavarois, où il est attendu au tournant.
LA PRESSION S’EST INVERSEE
La mission de Guardiola est loin d’être gagnée d’avance. Le technicien catalan doit faire oublier Jupp Heynckes, qui a quitté le Bayern sur un inédit triplé Bundesliga-Coupe d’Allemagne-Ligue des champions. Autant dire qu’il hérite d’une machine à gagner des titres à laquelle il doit apporter des retouches pour la faire évoluer à son image tout en lui permettant de continuer à garnir l’armoire à trophées du club. Un casse-tête que Guardiola est contraint de réussir. Il est d’ailleurs apparu très tendu lors des premières rencontres de son équipe. Mourinho est, lui, apaisé depuis son retour en Angleterre. Sous une pression constante en Espagne, qu’il avait participée à attiser par son attitude, il affiche un nouveau visage. Il s’est même baptisé le "Happy One" et arbore son plus beau sourire. Un homme heureux, et ça se voit, de retrouver une terre où tout lui a toujours souri.
GUARDIOLA N’A PAS (ENCORE) CONVAINCU LES SCEPTIQUES
Un dispositif tactique très difficile à décrypter, un jeu loin d’être flamboyant, des choix forts qui ne passent pas toujours dans l’opinion, comme ceux de remettre en cause le statut de Thomas Müller ou de Bastian Schweinsteiger : Guardiola vit un début de règne tout sauf facile à Munich. La presse allemande reste dubitative sur son projet et se pose des questions sur les ajustements opérés. Ce qui lui a valu une pique de Mourinho : "Le Bayern de Jupp Heynckes était la meilleure équipe d'Europe. Avec désormais un nouvel entraîneur et de nouveaux joueurs, je ne suis pas sûr qu'il soit toujours aussi bon". Le Portugais bénéficie d’un contexte totalement acquis à sa cause et d’un crédit quasi illimité outre-Manche, où les fans et les journalistes l’adorent. La décision de mettre sur le banc Juan Mata, le meilleur joueur de Chelsea depuis deux ans ? Elle ne fait quasiment pas de vagues. Celle d’évoluer sans attaquant à Old Trafford lundi dernier ? Le Mou est salué pour sa science du jeu. Bref, il évolue dans un climat de sérénité.
UN DEBUT DE SAISON SANS ACCROC
Chelsea carbure déjà à plein régime en Premier League. Sans être très séduisants dans le jeu, les Blues ont réalisé un début de championnat quasi parfait. Ils ont remporté leurs deux premières rencontres à domicile, contre Hull City (2-0) puis Aston Villa (2-1), avant de ramener un nul de leur déplacement à Old Trafford face à Manchester United (0-0). Avec un match en plus, les Londoniens occupent la tête du classement et ont retrouvé l’une de leurs forces du premier passage de Mourinho, à savoir leur solidité défensive (un but encaissé en trois matches). Les Bavarois restent, eux, sur un nul bêtement concédé en fin de partie à Fribourg mardi (1-1). Ils ont ainsi lâché leurs premiers points depuis le coup d’envoi de la Bundesliga. Un accident qui fait suite à un autre en Supercoupe d’Allemagne, où le Bayern s’est incliné logiquement contre Dortmund fin juillet (4-2). Ce début de saison tend à souligner les lacunes actuelles de Munichois encore en rodage.
LE MOU A RENVERSE LA VAPEUR
Guardiola et Mourinho se sont croisés deux saisons durant sur les terrains de Liga. Deux exercices au cours desquels les confrontations directes ont régulièrement tourné à l’avantage du Catalan. Ce dernier avait notamment infligé une correction historique au Real Madrid en novembre 2010 (5-0) et affiche un bilan de six victoires, trois nuls et deux défaites face aux Merengue version Mou. Mais le technicien portugais a inversé cette tendance en fin de saison 2011/2012, où il a commencé à trouver la clé pour contrer le Barça. Il a d’abord obtenu un nul au Camp Nou (2-2), certes insuffisant sur l’ensemble des deux matches, en demi-finale retour de la Coupe du Roi, avant de s’y imposer en Liga (1-2). Il a surtout réussi à mettre fin à l’hégémonie nationale de Barcelone en ramenant le titre de champion d’Espagne à Madrid en 2012.
AVANTAGE PSYCHOLOGIQUE POUR CHELSEA
"On a encore quelque chose à régler avec eux, une revanche à prendre". Comme le souffle Manuel Neuer, la défaite du Bayern Munich contre Chelsea en finale de la Ligue des champions 2012 (1-1, 3-4 TAB), dans son antre de l’Allianz Arena, est toujours omniprésente dans les esprits. Lors de la remise de son trophée de meilleur joueur européen de l’année, Franck Ribéry n’a pas dit autre chose. Il a reconnu que le succès de l’année passée n’avait pas complètement effacé cette blessure dans son esprit. Contrairement à l’époque des duels Barça-Real, Mourinho disposera d’un groupe ayant l’avantage psychologique sur celui de son rival. Cela pourrait peser au cours de ce match. Le coach du Bayern devra démontrer sa capacité à renverser la situation pour emmener le Bayern vers la première Supercoupe d’Europe de son histoire.

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