Liverpool-Manchester United (14h30) et Arsenal-Tottenham (17h00) vont faire vibrer l'Angleterre dimanche. Julien Laurens revient sur ces deux rivalités.
Un après-midi, quatre clubs, deux immenses rivalités. C’est l’histoire d’une journée forcément particulière, comme seuls les Anglais savent les faire. Une journée où l’on va célébrer le football, sa passion et la haine qu’elle engendre aussi. Une journée où une moitié de Liverpool, une autre de Manchester et un quart (le nord) de Londres arrêteront de vivre l’espace de 90 minutes pour ensuite jubiler ou pleurer. Cette journée, c’est dimanche.
Liverpool – Manchester United (14h30)
Le paradoxe, c’est que, au sens strict du terme, Liverpool – Manchester United n’est pas un derby. Certes, les deux villes sont distantes de seulement 29.5 miles mais elles ne sont pas dans le même county, et encore moins, bien entendu, dans la même ville. Pourtant, c’est l’une des rivalités les plus intenses de l’histoire du football anglais, qui a commencé sur le terrain industriel avant de se prolonger sur les terrains de football entre les deux clubs les plus titré d’Angleterre (59 trophées pour LFC dont 5 C1 et 62 pour MU dont 3 C1). Tout a commencé en 1910. La première équipe à se rendre à Old Trafford ? Liverpool. Et la première à y gagner aussi puisque les Reds s’imposent 4-3. La haine entre les supporters des deux clubs dure donc depuis plus de 100 ans. Dimanche après-midi, Anfield sera le théâtre du 188e derby entre les deux ennemis, le 161e en championnat. Pour l’instant, MU mène au score (74 victoires contre 62 pour 51 nuls, toutes compétitions confondues). Mais plus que les chiffres et même que les résultats, ce sont les petites histoires, les petites phrases de ce duel qui rendent cette confrontation si spéciale.
Personne n’a oublié les hideux costumes blancs Armani que portaient les joueurs de Liverpool le jour de la finale de la Cup 1996, perdue dans l’ancien Wembley contre Cantona et United. Personne n’a oublié la célébration totalement déplacée et inappropriée de Gary Neville en février 2006 en face de la tribune réservée aux supporters des Reds, geste pour lequel il a été suspendu. Le Mancunien, qui a un jour déclaré qu’il ne "pouvait pas blairer Liverpool, les gens de Liverpool et tout ce qui les concerne", a en revanche montré plus de classe, quelques mois plus tard en arborant un brassard noir en mémoire de la catastrophe d’Hillsborough.
Personne n’a oublié les altercations entre Roy Keane et McManaman, entre David Beckham et Jamie Redknapp, entre Sir Alex Ferguson et Kenny Dalglish, entre Gary Neville et Jamie Carragher ou surtout entre Luis Suarez et Patrice Evra. Personne n’a oublié le fameux "dossier" brandi par Rafael Benitez pour dénoncer les pratiques de Ferguson. Personne n’a oublié non plus l’une des pièces de la maison de Steven Gerrard dans laquelle il a accroché aux murs les maillots de certains de ses adversaires les plus réputés. Il n’y en a aucun de Manchester United. Et il n’y en aura jamais. Personne n’a oublié, enfin, que depuis 1964, aucun joueur n’a été directement transféré d’un club à l’autre.
Arsenal – Tottenham (17h00)
Là aussi, c’est avant tout une histoire de paradoxes. Arsenal - Tottenham, derby du nord de Londres ? Pas totalement. Les Gunners ont été formés en 1886 à Woolwich, dans le sud-est de la capitale et ont joué à Plumstead jusqu’à leur arrivée controversée à Highbury en 1913 à 4 miles seulement de White Hart Lane. Première affront aux voisins désormais honnis. C’est surtout, ensuite, leur inclusion encore plus controversée à la First Division, après la Première Guerre mondiale au détriment de Tottenham qui a accentué la haine. Le premier match (amical) entre les deux ennemis remonte à 1887 et le premier officiel à 1909, remporté 1-0 par Arsenal. Leur rivalité est celle de deux communautés qui vivent ces matches comme une procession. Dimanche, ce sera le 176e match de l’histoire dimanche. 74 victoires pour Arsenal, 54 pour Tottenham et 47 matches nuls (toutes compétitions confondues).
Comme entre Liverpool et Manchester United, plus que les victoires ou les chiffres, ce sont tous ces moments qui ont fait l’histoire de ce derby à l’intensité incroyable qui comptent. Personne n’a oublié le but en chaussettes de Paul Gascoigne en 1988 où après avoir perdu sa chaussure a continué son action pour aller marquer. Personne n’a oublié les insultes de White Hart Lane envers Sol Campbell, formé aux Spurs mais qui à la fin de son contrat, a choisi de rejoindre le voisin honni. "Judas" était écrit partout dans le stade… Personne n’a oublié Arsène Wenger refusant de serrer la main de Clive Allen, l’entraineur adjoint des Spurs, après une défaite et une énième altercation entre les deux bancs pendant la rencontre en 2011.
Personne n’a oublié la célébration de Thierry Henry après un but venu d’ailleurs en 2002, dont le club a fait une statue, ou celle de Danny Rose après sa volée d’un autre monde en 2010. Personne n’a oublié les fameuses lasagnes qui ont rendu malade 10 joueurs de Tottenham, alors 4e du classement, avant leur match crucial à West Ham lors de la 38e et dernière journée de la Premier League en 2006. Leur défaite 2-1 combinée à la victoire d’Arsenal contre Wigan avait permis aux Gunners de reprendre cette 4e place et de se qualifier pour la Ligue des champions ! Personne n’a oublié ces St Totteringham day où les supporters des Gunners fêtent le jour où leur équipe est officiellement classée au-dessus de l’ennemi. Cela fait dix-huit ans que c’est le cas. Personne n’a oublié, enfin, que depuis 1977, aucun joueur n’a été directement transféré, avec indemnité d’un club à l’autre.
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